Les Rencontres d’Orchestres de Transe

« ...Shenai, Mizmar, Ghayta, Suona, Surnay, Duduk, Zurna, Tible, Gralla, Chirimia, Bombarde, Trumpeta, Nagaswaram, Hichiriki, Magrouna, Zokra... » Autant d'appellations pour désigner ce qu'on appelle les hautbois populaires, autant de traces de la richesse créative et expressive de l'homme. Qu'ils soient d'ébène, de buis, d'écorces, d'ivoire, de fruitiers voire de métal, ils subsistent aux temps, « discrètement », oserait-on presque dire et leur présence est remarquée sur la quasi-totalité du globe, à l'exception de l'Océanie. Leur origine commune remonterait à l'Antiquité et à leur aïeul hellénique, l'Aulos, avéré comme étant l'un des premiers instruments de la civilisation humaine. Depuis, ils n'ont cessé d'accompagner grand nombre de rites sociaux (banquets, places neuves...) et/ou spirituels et religieux (sacrifices, soins, mariages, funérailles, temples...), devenant des marqueurs incontournables des quotidiens d'ici et là. Les Hautbois Populaires deviennent alors de précieux témoins permettant d'appréhender le talent humain à adapter à ses cadres culturels et environnementaux un dénominateur commun à de multiples populations. Par ailleurs, ils donnent une lecture de l'histoire et des mouvements humains.

Les Rencontres d’Orchestres de Transes

Pérégrinations artistiques, culturelles et humaines pour Globetrotteurs de l’Anche Double

Les Rencontres d'Orchestres De Transes sont un projet « vivant » : il est conçu pour être transmis aux générations à venir. L’ambition est d’aller à la rencontre des particularités des Hautbois Populaires afin de retracer l'épopée passionnante de ces instruments, en déceler les foyers et les chemins, en fédérer les savoirs. La finalité de cette démarche est d'aboutir à la création d'une école internationale des Hautbois Populaires dont les prémices verront le jour à Rennes en 2019. Chaque maître de hautbois rencontré est effectivement un potentiel transmetteur de sa culture et de sa pratique qu'il pourra partager dans le cadre d'une équipe pédagogique de maîtres des Hautbois Populaires. Devant l'ampleur de l'ouvrage, ce projet se veut donc transmissible aux générations suivantes pour poursuivre des chemins ou relire certaines pratiques.

APPRENDRE – RENCONTRER – COMPRENDRE – CRÉER – TRANSMETTRE


SaharArmorik

Carnet de Route I des Rencontres d’Orchestres de Transe

SaharArmorik est la première rencontre de hautbois populaires, premier « carnet de route » initié par la maison artistique La Part des Anches dans le cadre des « Rencontres d’Orchestres de Transe ». Elle vise à rapprocher la bombarde (hautbois de Bretagne) et la ghayta (hautbois du Maroc).

Un peu d’histoire

Les Hmadcha sont membres d'une confrérie religieuse relativement organisée qui fait remonter son héritage spirituel à deux saints marocains de la fin du XVIIe et du début du XVIIIe siècle, Sidi Ali Ben Hamduch et Sidi Ahmed Dghughi. La confrérie des Aïssawa est également un ordre mystico-religieux fondé à Meknès au Maroc par Mohammed Ben Aïssa (1465-1526). A l'origine clairement orthodoxe, cette confrérie est à la charnière du sacré et du profane, du domaine privé et public et des cultures savantes et populaires. Ces deux confréries sont célèbres dans le monde arabe pour leurs complexes cérémonies rituelles qui met en scène des danses symboliques menant à la transe et leur musique caractérisée par les hautbois (ghaytas), leurs chants collectifs d'hymnes religieux, accompagnés par un orchestre de percussions utilisant des éléments de polyrythmie.

Les débuts du projet

Ce premier carnet de route est l’aboutissement artistique et humain d’une démarche entamée par Stéphane Hardy depuis décembre 2011 auprès de la Confrérie Hmadcha de Taroudant. Curieux des pratiques des hautbois populaires afin de nourrir sa pratique et ses recherches, il rencontre Abdeljalil Ait Bensaleh, musicien et joueur de ghayta au sein des confréries Hmadcha et Aïssawa de Taroudan, par le biais de Mehdi Nassouli (compagnon de scène de Titi Robin). Stéphane entame alors une série d’immersions afin de s’initier à la pratique de cet instrument. En quatre voyages d’une quinzaine de jours, il intègre la confrérie Hmadcha et Aïssawa lors de hadra (répétitions de la cérémonie du même nom), devenant ainsi l’un des premiers européens à pratiquer cet instrument au sein de confréries marocaines. Une véritable complicité et amitié le lie depuis à Abdeljalil Ait Bensaleh et à la confrérie.

La création SaharArmorik

Suite à ces premières prises de contact et la formation du hautboïste breton à la ghayta marocaine, une première résidence artistique fut organisée en mars 2014 à Taroudant. Les recherches de Stéphane Hardy, son immersion au cœur des pratiques de la confrérie ont rendu possible le rapprochement des thèmes et des techniques et modes de jeux instrumentaux. Il a alors sensibilisé et formé d’autres sonneurs bretons et ensemble, ils sont partis à Taroudant pour une résidence de travail collectif qui a abouti à une première restitution lors de quelques concerts, dont notamment un moment magique sur la Place Assarag à Taroudant le 9 mars 2014.

La mise en forme finale

SaharArmorik est un orchestre tout terrain, pourvu que les rapports acoustiques et de proximité interactive puissent s'exprimer. Cet ensemble nomade suggère les terres morbihannaises sur les bords d’un Sous volubile et grouillant, esquissent une palmeraie en plein milieu de la Forêt de Brocéliande, dressent le campement de nomades du Sahara, affairés au rituel du thé en plein milieu des Monts d’Arrée, soumettent l'image des menhirs de Carnac se mêlant à ceux érigés autour du tumulus du cromlech de M'zora au nord du Maroc. Au-delà de simples côtoiements et juxtapositions de cultures, ce projet esquisse les traits d'une nouvelle cartographie des cultures.


Distribution

Confrérie Hamdcha, Taroudant
Jalil Ait Bensalah, Abdellatif Khali ghayta, chant
Abdelghani Ait Bensalah, Mounir Farsani, Nourddine Elachabiy percussions, chant

Cie La Part des Anches
Stéphane Hardy, Mathieu Sérot, Kévin Colas bombarde
Gaël Martineau, Jacques Miossec dawul

Production

Région Bretagne
Institut Culturel Français
Institut Culturel Français d’Agadir
La Part des Anches
Avec le soutien de la Cie Herrad

Crédits

Photographies, vidéos Stéphane Hardy


Quelques images