L’Orchestre du Caravansérail établit les terres morbihannaises sur les bords d’un Souss volubile et grouillant, dresse le campement de nomades sahariens affairés au rituel du thé en plein milieu de la forêt de Brocéliande, bâtit une acropole au point culminant des Monts d’Arrée.
L’Orchestre du Caravansérail
Musiques de Là et d’Ailleurs pour Ici
L’enjeu du projet de L’Orchestre du Caravansérail pourrait être celui de chercher à concilier un goût prononcé pour le répertoire de Haute-Bretagne, ma fascination pour le joueur de shenaï indien Ustad Bismillah Khan, la magie emplie d’émotions à partager un bout de temps de vie des musiciens de la confrérie Hmadcha de Taroudant au Maroc. À tous ces ingrédients, il serait aussi important de rajouter ma prédilection pour l’improvisation. Qu’elle prenne la forme d’une approche variative d’un timbre issu de la culture populaire bretonne, qu’elle soit modale ou qu’elle soit libre, la démarche de formes d’expression spontanée, dans l’instant, est un axe fondateur de mon cheminement artistique.
Ce projet témoigne d’un besoin devenu essentiel, presque vital, d’exprimer artistiquement des rencontres fortes et des temps de vie irremplaçables qui ont forgé mon parcours. Trouver le langage commun à toutes ces aventures qui construisent pour dépasser l’exercice de style, tout en puisant dans les processus propres aux musiques traditionnelles : la souplesse des thèmes à s’adapter à leurs fonctions, le questionnement des rythmes et des modes, les principes de l’oralité…
Chacune des étapes, Bénarès, Taroudant, devient, d’une certaine manière, un caravansérail artistique semblable à des haltes privilégiées jalonnant des chemins de l’imaginaire. S’imprégner d’autres cultures au point de les faire siennes est dans mon parcours une nécessité, s’immerger dans le terrain devient un impératif : sentir les épices, entendre le chant des dialectes, voir les rythmes du quotidien et les traits d’une architecture, goûter aux habitudes culinaires, toucher le sable, les tissus… : éveiller les sens par de nouvelles expériences, de nouveaux territoires, en s’imprégnant des panoramas sonores, visuels et culturels.
Ainsi, la genèse de L’Orchestre du Caravansérail puise son essence dans des heures de travail acharné en face à face avec des maîtres de hautbois, des litres de salive et de sueur souvent, des mètres de roseaux usés, des matières de tous bois, échauffées au contact du souffle, mais aussi et surtout des kilomètres de paysages, des centaines de visages, des jours et des jours de tranches de vie.
C’est par la suite un travail d’assimilation des différents langages instrumentaux, des différentes techniques pour n’en faire plus qu’un et qu’une sur la bombarde au service d’un discours artistique syncrétique.
Des chemins de sable, des chemins de
terre, des chemins de sel ;
Des pistes, des sentiers, des raidillons ;
Des ruelles, des venelles…
De l’ocre, du rouge, du blanc,
du bleu, du vert ;
Des mosquées, des temples, des églises,
des synagogues, des sanctuaires ;
Des bâtisses les plus denses
aux huttes les plus isolées…
De la broderie de marbre,
des tricots de pierres,
Des entrelacs de bois et de terre,
des passementeries de granit ;
Des sourires, des regards,
Des charabias, des baragouinages,
des sabirs, des galimatias ;
Des souffles parviennent à l’oreille
comme un murmure identifiable
parmi une nébuleuse conversante
de multiples dialectes.
Des vents nomades se faufilent à travers
des ruelles étroites et labyrinthiques d’un
souk, se grisant d’épices à moins qu’ils
n’effleurent la brume levante d’une aube
orangée au-dessus d’un Gange tranquille
sous l’émotion d’un Raga matinal.
Distribution
Stéphane Hardy bombarde, composition et direction artistique
Cyrille Le Penven contrebasse
Florian Bellec riqq, daf, tombak
Léo Martin violon
Julien Durand Bertin vidéos
Marie Guérinel identité graphique